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“Dix ans en psychiatrie – une spirale infernale”, de Muriel Rosset et Hélène Jolly aux Éditions La Boîte à Pandore.
Hyperémotivité et sensibilité, hyperréactivité face au moindre événement de la vie, lent retour à la normale, … Relations chaotiques et binaires, sentiment de vide, peur de l’abandon… Ce sont des exemples des symptômes qui composent le Trouble TPL de la Personnalité Limite « borderline ». Ils représentent 1,5 à 3% de la population, la moitié des hospitalisations de jeunes en psychiatrie, autant de malades bipolaires et schizophrènes réunis. La part biologique de la maladie se caractérise par cinq dérèglements : cognitif, émotionnel, comportemental, relationnel et de l’image de soi. Les personnes concernées se trouvent facilement et rapidement « hors de contrôle », et pas simplement bouleversées ou fâchées ; elles manifestent leur mal-être par de véritables tsunamis et avalanches émotionnels, des auto-agressions et mutilations.
C’est notamment le cas d’Hélène, qui a décidé de raconter son parcours psychiatrique avec l’aide de Muriel, sa mère qui l’accompagne dans son combat, avec l’aide de son mari et de ses trois autres enfants. Toutes deux ont choisi de témoigner dans un ouvrage appelé « Dix ans en psychiatrie – une spirale infernale ». Ce récit a été écrit à deux voix et quatre mains pour que chacune puisse exposer ses espoirs et ses craintes par rapport à la maladie, l’hospitalisation, l’avenir rendu incertain… Leur récit est un chemin. Chemin tâtonnant de l’ombre à la lumière, du silence à la parole, de la peur à l’abandon à la providence. Leur récit est aussi un appel à choisir la vie en toutes circonstances.
« J’écris pour prendre une revanche sur mon passé et re-vivre, pour témoigner de la maladie psychique qui n’est pas bien acceptée. J’ai été hospitalisée très vite, mais les hospitalisations se sont déroulées très lentement. C’est-à-dire que tout est arrivé très vite, mais le temps a été long. Je vais parler de mon expérience. J’ai écrit de manière détachée et brute, car je ne regrette pas les passages à l’acte. Je vais essayer d’écrire au plus proche de ce que j’ai vécu. » écrit Héléne,
Comment survivre quand on est au 36° dessous ? « Face au tsunami de la déraison, le fond du fond est toujours plus profond qu’il n’y parait, toujours plus solitaire qu’on ne le voudrait. Le temps soudain s’arrête dans toute sa densité, sa beauté parfois, sa noirceur souvent, sa contention hélas : contention blanche des médecins et de la médecine, depuis la chambre d’isolement à la contention chimique des médicaments, contention noire de la maladie et du gouffre qu’elle engendre. Pourtant, il y a tant de belles choses qu’on oublie de dire dans le malheur… » répond Muriel .
Muriel montre à quel point il est complexe d’être aidant(e) d’un proche atteint par cette pathologie. Dix ans après l’écriture de son récit, Muriel a fondé avec des psychiatres et pairs aidants l’association Connexions Familiales qu’elle préside. L’association propose des modules gratuits de psychoéducation familiale issus d’un programme international de thérapie dialectique au profit des proches et soignants de malades borderline. Ce programme, fort de 15 ans d’expertise, s’étale sur plusieurs semaines consécutives, afin d’avoir le temps de vivre et partager ce qui est appris : définition du trouble et droits de la famille, données récentes sur les traitements, comorbidités et caractéristiques associées, pleine conscience relationnelle et gestion des émotions, acceptation radicale ( de la personne et de son ressenti, et non pas forcément des actes), techniques de validation et expression de son ressenti, gestion des conflits et problèmes relationnels.
L’objectif est d’aider les proches à acquérir une meilleure compréhension de l’être cher, à améliorer et exercer leurs connaissances et compétences face aux difficultés psychiques relationnelles qu’elles entraînent. Cela permet aux participants de regagner un regard positif sur eux-mêmes, leurs capacités à être dans un lien constructif avec leur proche et à en prendre soin, pour diminuer la tristesse, la colère et le sentiment d’impuissance.
Le syndrome Borderline, mais de quoi parle-t-ton ?
On estime à près de 2,5 millions de personnes atteintes par cette pathologie notamment des adolescents et des jeunes adultes.
Le trouble de la personnalité de borderline est un trouble lié à une hyperémotivité et une hypersensibilité. Autrement dit, les personnes ressentent des états émotionnels intenses, « survenant brusquement et souvent difficilement contrôlable ». Cela peut s’exprimer par des sentiments de solitude, tristesse, d’anxiété ou de colère. Les relations avec les autres peuvent devenir compliqués car cette hypersensibilité peut les amener à perdre la notion de rationalité. Cela a pour conséquence que les personnes souffrant de cette pathologie peuvent rapidement s’emporter, s’énerver, aucune nuance n’existe : ces personnes ont une vision catégorique de la vie et des personnes (soit tout est « noir » soit tout « blanc »). Malgré ces difficultés, ces personnes ont des facultés évidentes comme une forte créativité. Les sentiments « positifs » sont également démultipliés, ils aiment intensément et leur joie est éxubérante voire irrationnelle. Néanmoins, ces sentiments peuvent vite être rattrapés par des sentiments « négatifs » comme l’anxiété ou la colère.
Comment le diagnostiquer le syndrome Borderline ?
On répertorie 9 symptômes pour diagnostiquer cette pathologie :
- Peur de l’abandon
- Comportements addictifs
- Sensation de vide intérieur
- Actes autodestructeurs
- Colères intenses et incontrôlables
- Perturbation de l’identité (instabilité de l’image de soi)
- Sensibilité extrême avec une vision dichotomique
- Problèmes relationnels
Qu’est ce que cela implique quand on est aidant d’un proche atteint du syndrome Borderline :
Trouver les réponses à ses questions, savoir vers qui se tourner : C’est pour répondre à ces interrogations que nous avons souhaité aborder ce sujet afin de vous sensibiliser, en tant qu’aidants à cette pathologie. Voici quelques conseils pratiques pour vous aider :
Quelques conseils :
- Ne pas entrer en conflit avec son proche : essayer de comprendre son émotion et l’accompagner,
- Valider ce qu’il ressent, ce qui ne signifie pas pour autant de cautionner ses comportements extrêmes,
- Dialoguer avec son proche : maintenir un lien
- Faire appel à des professionnels spécialisés : psychiatres, etc.
- Ne pas rester seul : faites-vous accompagner par votre entourage (famille, amis, voisins) et contactez l’association Connexions Familiales pour apprendre avec d’autres pairs aidants à en parler et le vivre, car ensemble vous serez plus forts que seuls
Pour se procurer l’ouvrage :
https://laboiteapandore.fr/2019/10/21/dix-ans-en-psychiatrie-la-spirale-infernale/
Pour mieux connaître le syndrome Borderline :
- Une 1ère en France en psychoéducation familiale des TPL (Troubles de la Personnalité Limite) : Connexions Familiales https://managersante.com/2017/12/29/connexions-familiales-une-premiere-en-france-pour-la-psychoeducation-familiale-des-tpl/
- Comment prendre en charge “le Trouble de la Personnalité Limite” (TPL) des malades borderline ? https://managersante.com/2019/07/05/comment-prendre-en-charge-le-trouble-de-la-personnalite-limite-tpl-ou-borderline-muriel-rosset-nous-explique/
Sources :
https://www.promentesana.org/wp-content/uploads/2020/02/Borderline2014.pdf
Rédaction : Julie Costantini, responsable de la communication de l’association en collaboration avec Muriel Rosset